Arme nucléaire et humanisme

Cela fait de nombreuses années que les écologistes expriment une vive hostilité à l’énergie nucléaire, que pour ma part je partage plus ou moins. Plus pour la difficulté de réduire et de stocker les déchets, moins sur le fait qu’il s’agit bel et bien d’une alternative malgré tout intéressante aux « énergies qui réchauffent la planète ». Mais ceci n’est pas mon sujet, puisqu’à vrai dire je pense être un modeste écologiste du quotidien mais que l’univers du militantisme m’est extrêmement éloigné. J’ai tendance à penser que les vérités sont souvent bancales et à moitié satisfaisantes sur beaucoup de sujets, et du coup je préfère me focaliser sur les choix qui me semblent fondamentalement indéfendables malgré une quasi unanimité. Si si ça existe, et sans surprise (c’est dans le titre) je vais aborder à présent un thème qui me paraît répondre à cette définition, l’arme nucléaire.

Je n’ai pas fouillé le sujet à fond, mais malgré tout ce que j’ai pu entendre comme légitimation du fait de posséder l’arme nucléaire ne m’a jamais satisfait. Qu’est-ce que l’arme nucléaire, si ce n’est la promesse en cas d’usage de massacrer des foules d’innocents ? Par son aspect massif et hyper destructeur, l’arme nucléaire concerne les populations, et non les forces armées, et je n’arrive toujours pas à l’heure actuelle à m’imaginer comment on peut en faire un usage humainement défendable.

L’explication de l’entretien de cette calamité potentielle repose sur un raisonnement absurde : si des gens malintentionnés décidaient d’en faire usage et de tuer des milliers d’innocents, nous ferions de même. Tu massacres des femmes et des enfants innocents comme un gros salaud ? Et bien je peux faire pareil ! D’où la dissuasion. Mais je me demande, naïvement, en quoi cela pourrait être positif. Admettons qu’un jour les Nord-Coréens, les Russes ou les Iraniens décident de franchir le pas : en quoi ajouter un massacre à un autre massacre apporterait quoi que ce soit de positif ? Quelle serait la valeur ajoutée de la réaction d’une démocratie humaniste, ce que nous sommes sensés être, si c’est sur le même mode destructeur ? Je n’arrive pas à trouver la réponse…

A moins qu’il y ait un tel sentiment de supériorité qu’on arrive à penser qu’il est légitime de massacrer si on n’est pas le premier. En fait ce serait ça être humaniste, massacrer oui, mais seulement en représailles. Parce que la dissuasion c’est bien gentil, mais ça repose sur le le fait qu’on envisage la réponse armée. C’est obligatoire, ou alors on passe pour un con avec ses armes mortelles qu’on garde sous le coude mais qu’au fond on sait qu’on n’utilisera jamais. Donc on pense les utiliser au cas où… Et si on refusait ce « cas où », si on se disait qu’on était vraiment humanistes, et qu’au pire, si on devait subir la monstruosité on ne l’imposerait pas en retour, quelle que soit la situation, à des innocents qui ne seraient de toutes façons que des otages de leurs gouvernement ? On serait comme plein de pays sans l’arme nucléaire, comme l’Allemagne, l’italie, l’Espagne… Avec en plus l’élégance incomparable de celui qui renonce au pouvoir de mort qu’il a un jour détenu.

On ferait des économies, et on serait de vrais humanistes. Pas des gens civilisés qui entretiennent soigneusement la possibilité de se transformer à tout instant en assassins.