Ne le ramasse pas, tu en auras peut-être besoin plus tard…

dontstarve

Don’t starve est un petit jeu avec de grandes idées. C’est un petit jeu car on en a vite fait le tour, et lorsqu’on a saisi les éléments qui permettent de durer le jeu perd beaucoup de son intérêt. La « rejouabilité », comme on dit, est faible en dehors des premières parties d’exploration. Une fois qu’on a claqué sa grosse partie, qu’on a fait plusieurs cycles de saisons, survécu à un certain nombre d’assauts de monstres on s’ennuie.

Personnellement j’ai adoré jouer à ce jeu pendant plusieurs jours, de façon assez frénétique, je suis mort de plein de façons différentes, puis j’ai fait ma grosse partie, et j’ai subitement déconnecté au bout de 89 jours de survie, alors que je vivais (presque) peinard au milieu de vastes plantations, de séchoirs à viande bien garnis et que des pièges à monstres s’étendaient largement autour de moi. Je m’étais même installé des champs de plantes agressives pas loin, près desquelles j’allais gambader quand une meute de monstres un peu trop insistants persistaient à vouloir ma peau. Je n’étais pas en sécurité, non, Don’t starve ne permet jamais d’être en sécurité. Mais j’étais raisonnablement à distance de la mort. Assez à distance pour m’ennuyer.

Mais il a de grandes idées ce petit jeu, et ce qu’il m’a donné dans les premières heures aucun jeu ne me l’avait donné jusque là. Un mauvais calcul au niveau du feu de camp, une expédition mal gérée en hiver et ça peut vite tourner très mal. Il y a quelque chose de viscéral, de délicieusement primitif dans cette survie ad libitum. On n’est jamais à l’abri de rien : monstres, nuit, gel… La nuit surtout, qui est formidable quand on démarre. On y est plus ou moins en sécurité tant qu’on n’entend pas le halètement des monstres qui s’approchent, tant qu’on entretient le feu, tant qu’on garde un bon moral… C’est une nuit pleine de menace potentielles, dont le feu protège en partie mais qui mène à une mort certaine si on ne l’entretient pas. Il faut avoir fait quelques réserves…

A propos de réserves justement, au début forcément on collecte tout ce que l’on peut. Réflexe atavique du joueur de jeux vidéo, on ramasse tout en attendant le moment où ça servira. Le familier des RPG, mais de finalement tous les jeux ou presque, sait que dans le doute et tant qu’il y a de la place dans le sac il vaut toujours mieux ramasser tout objet qui traîne. Sauf que dans Don’t Starve il y a un premier hic : les denrées alimentaires sont périssable, et il est donc improductif d’accumuler des graines, des baies, des légumes ou de la viande qui finiront par pourrir. Et puis il y a d’autres menaces que la faim. L’obscurité qui vient. Au moins le bois, lui, ne se corrompt pas avec le temps.

Le jeu vidéo, quand il y a des « consommables » est souvent une histoire de goinfrerie : il faut récolter le plus de ressources le plus efficacement possible, et ce qui relève de notions écologiques est souvent introduit de façon un peu artificielle. Peu de jeux poussent le joueur à économiser son environnement, à le ménager pour une utilisation raisonnée et non maximale… Don’t starve apprend à ménager son environnement, et ses efforts. Rien ne sert finalement de multiplier les pièges à lapin, ou les potagers. Il en faut juste le nombre qu’il faut, et au-delà on a certes des réserves plus importantes, mais on utilise son énergie dans des choses non prioritaires. Pourtant quand on a connu la disette l’envie est forte de multiplier les ressources de nourriture.

L’hiver, avec le gel qui peut vous saisir dès qu’on s’éloigne d’une source de chaleur, est finalement à fois dur et plus propice à la contemplation. Il n’est plus vraiment temps de chercher de la nourriture, mieux vaut y avoir pensé avant, on s’occupe donc surtout à chercher du bois dans les proches environs, on reste beaucoup près du feu. On explorera à la belle saison.

Passé un certain de jeu les menaces de la faim et du froid, la nuit même ne sont plus si terribles. La menace la plus tangible, la plus difficile à repousser est constituée de troupeaux de monstres qui apparaissent régulièrement, de plus en plus nombreux. Le challenge est toujours là, mais la poésie gentiment morbide qui a fasciné s’est échappée.

Laisser un commentaire